Instants frivoles

Résumé du livre

Instants frivoles

Assise à la terrasse d’un café, je regarde des femmes passer. Curieuse de nature, je plonge dans leurs vies. De chacune d’entre elles, émane quelque chose de séduisant. Un galbe de jambe, un parfum à base de musc, un regard profond…

En moi, sévit un vide affectif. J’ai faim de leurs belles émotions.

Je me transforme en une voleuse imaginaire, en quête de frissons…

Je leur dérobe du carburant vital, une tranche passionnelle de vie, un instant frivole.

Extrait du livre

« L’homme au masque blanc était assis près de moi. Il avait étendu ses bras sur le haut du dossier, sa main pendait dans le vide.

Chaque poil de mon corps se dressait, le lobe de mon oreille était en feu, une plume se promenait le long de ma colonne vertébrale. Une voix merveilleusement chaude et vibrante murmura des mots, de ceux qui ont le pouvoir de raffiner les sentiments amoureux, qui métamorphosent les rapports charnels en œuvres d’art éphémères, des murmures magiques qui transportent l’âme dans une dimension surnaturelle. Son allégorie me grisait, il s’adressait à moi comme un amant idéal, celui que je décrivais dans mes rêves. Il me parlait d’amour avec la délicatesse d’un ange, berçant mon esprit, aiguisant mes sens par l’éclat de son regard. Il chuchotait :

En se retirant, la mer s’abandonne toujours sur la grève, entre deux marées, le promeneur solitaire trouve toujours ses rêveries dans les oublis de l’écume. Il suffit d’observer, de se baisser et de se servir. Les séjours prolongés dans le milieu marin ont souvent altéré les contours, rongé les apparences ou brisé les formes uniques, mais jamais ils ne détruisent la magie. Je veux qu’après trois jours, trois mois, trois ans, nous ramassions toujours des coffrets de trésors sur notre sable, et que toujours, nous nous promenions le vent dans le dos, nous portant tout droit devant.

Subitement, l’inconnu aux belles promesses disparut, comme les vrais hommes de ma vie. Je me contentai d’écouter les moteurs du vaporetto qui tordaient maintenant leurs hélices, dans un pas contre-nature.

J'étais submergée d'angoisse, comme noyée par la marée glaciale, cette "acqua alta" qui ronge Venise en hiver. Je fixai la lagune un instant. J'avais froid alors que la chaleur fixait l'atmosphère. Etait-ce la touffeur qui provoquait tous ces frissons ? »